Après plus de 40 ans passés derrière la table de mixage à travailler avec les plus grands (Femi Kuti, U2, Dire Straits) et dans des lieux mythiques (Basing Street Island Studios, Compass Studio, Pathé Marconi), le réalisateur et ingénieur du son gallois Andrew Lyden sort son 1er album, Common Ground. Aux côtés de musiciens de la maison Noa Music, il livre un album pop que n’aurait pas renié son voisin anglais David Bowie.
The Clock Goes Red pose un regard nostalgique sur l’enfance du natif de Swansea, nostalgie qui s’intensifie à mesure que le temps passe et que l’horloge tourne au rouge.
Je suis né le 5 février 1954, à l’époque où le Rock’n’roll a débarqué grâce au premier single d’Elvis Presley, “That’s Alright Mama”. Mon père venant d’une famille d’acteurs de théâtre de l’East End de Londres et ma mère étant une chanteuse de Swansea, Pays de Galles, j’ai très jeune commencé à écouter de la musique. Je passais des heures l’oreille scotchée à cette énorme enceinte reliée au gramophone de mon père. Un système audio HMV, avec platine, radio et amplificateur ! La musique a ainsi pris une place importante dans ma vie, et je suis reconnaissant d’avoir pu toute ma vie écouter de la bonne musique.
Recruté en 1978 par Chris Blackwell en tant que tea boy / ingénieur du son assistant, mon premier jour de travail aux mythiques studios Basing Street Island Studios London (qui verront passer Iron Maiden, Bob Marley, Free, King Crimson, Cat Stevens, etc) a changé ma vie. J’avais quitté l’école tôt, car la musique était pour moi bien plus importante. Ce premier jour, j’ai par accident interrompu une session d’enregistrement de Queen dans le studio A (la lumière rouge au dessus de la porte du studio n’avait pas vraiment de sens pour un jeune Gallois comme moi tout récemment débarqué de sa province à Londres). Ils ont été d’une immense gentillesse avec moi, le jeune homme au visage soudainement écarlate, le fan qui les avait vu sur scène deux semaines auparavant, et qui venait d’ouvrir cette satanée porte en plein milieu d’un enregistrement, les bras chargés de bandes à mixer. Au même moment, Robert John Mutt Lange était en train de mixer dans le studio B l’album d’AC/DC Highway to Hell. J’étais aux anges. Grâce à Island Records et à Chris Blackwell, j’ai appris l’art d’enregistrer la musique aux côtés de producteurs, ingénieurs et artistes légendaires comme U2, Dire Straits, Robert Palmer pour n’en citer que certains, et j’ai eu l’occasion de mixer du Bob Marley et Grace Jones. J’ai par la suite eu la chance de travailler aux fameux Compass Point Studios de Nassau aux Bahamas, où j’ai pu accueillir des artistes comme les Rolling Stones et Iron Maiden.
Ayant déménagé en France au début des années 90, j’ai travaillé comme ingénieur du son / réalisateur indépendant avec des groupes comme Les Wampas, Les Têtes Raides, Les Satellites, Ministère Amer, La Ruda Salska, Ceux qui marchent debout. J’ai aussi travaillé avec le célèbre publiciste Michel Hardy. En 1997, j’ai eu l’opportunité de travailler avec Femi Kuti. Tandis que j’étais à Lagos au Nigéria, j’ai rencontré son père Fela Kuti et j’ai pu ressentir les incroyables vibrations que sa musique procurait en live, dans son club The Shrine. J’ai dédié une des chansons de l’album à sa fille Sola, qui est décédée peu de temps après la mort tragique de Fela.
Dans les années 2000 j’ai travaillé au Théâtre de la Scène Nationale de Pontoise en tant qu’ingénieur du son en chef. C’est à ce moment là que j’ai commencé à écrire des chansons, comme une forme de psychothérapie qui m’a grandement aidé à surpasser des moments sombres à cette période.
Au début des années 2010, un vieil ami, Ari Sebag, qui avait un home studio à Forges-les-Eaux, m’a demandé de venir l’aider à mixer un album. Je ne suis jamais reparti, et aujourd’hui je suis ingénieur du son / réalisateur dans ce studio, le 4A Sound Factory. Il est équipé d’une console SSL 64 pistes, ainsi que du matériel vintage et analogique des studio Pathé Marconi (les studio d’EMI à Boulogne-Billancourt) sur lesquels je travaillais 20 ans plus tôt avec les Wampas et les Têtes Raides. La boucle est bouclée, et je suis heureux d’aider de jeunes artistes français talentueux à réaliser et enregistrer leurs albums, comme Livingstone, Morseggo, Autoryno, mais également des artistes confirmés comme Paul Personne, Yaël Naïm et Didier Wampas. Nous venons tout juste d’enregistrer un duo composé de Gary Lucas, guitariste et compositeur de Jeff Buckley, et d’un jeune chanteur français The Beat Goes On.
THE CLOCK GOES RED a été formé durant les sessions d’enregistrement au studio 4A Sound Factory. J’y ai redécouvert mon âme d’enfance, et c’est l’essence de cet album.
Andrew John Lyden Forges-les-Eaux January 23rd 2020
The Clock Goes Red – Common Ground Sorti le 5 février 2020