Dave Stewart – The Ringmaster General (2012)
The Ringmaster General septième album studio du musicien et producteur anglais Dave Stewart, ex Eurytmmics, est sorti en ce début septembre 2012. Ce nouveau disque sort à peine plus d’un an après le précédent, le très réussi et recommandable The Blackbird Diaries. Tout comme son prédécesseur The Ringmaster General fut enregistré à Nashville, la capitale de la country music américaine, en l’espace de seulement cinq jours dans les studios Blackbird avec un groupe de musiciens « locaux ». The Ringmaster General est avant tout un Blackbird Diaries volume II, la suite de celui-ci. Compte tenu de la qualité de The Blackbird Diaries, on aurait vraiment pu s’en réjouir, malheureusement il faut admettre que le résultat est cette fois moins convaincant.
The Ringmaster General propose une musique oscillant entre le country-rock et le blues, le tout nimbé dans une production parfaite voir irréprochable mais qui se révèle en vérité être bien trop plissée pour ce type de musique. Même le côté « roots » de certains titres ne convainc pas ou peu (On pense ici à un titre comme A new song for Nashville par exemple). Le tout donne l’impression d’une production pour musique de type « easy listening » trop calibrée. On aurait sans doute préféré avoir un disque avec un son plus brut, même si au final, ce «défaut » n’est ici pas le plus préjudiciable.
Dave Stewart a donc appliqué la même formule à son nouveau disque que celle dont il avait usé sur le précédent et une nouvelle fois il n’a pu s’empêcher de faire appel à des invités pour garnir ses titres. The Blackbird Diaries proposait des collaborations avec Joss Stone, Martina McBride, Colbie Caillat, Stevie Nicks, The Secret Sisters et même Bob Dylan qui avait porté son concours à l’écriture d’un des titres. Ici, sur les onze titres qui composent The Ringmaster General, pas moins de cinq sont des featurings… Nous retrouvons donc sur ce disque : Joss Stone (Collaboratrice de Stewart au sein des projets SuperHeavy et More Love notamment et pour qui Stewart a produit l’album LP1 en 2011), les chanteuses Jessie Baylin, Alison Krauss (à qui l’on doit le très réussi Raising Sand en duo avec Robert Plant en 2007), Diane Birch et enfin la guitariste Orianthi ( guitariste principale de la tournée avortée de Michael Jackson This Is It en 2009, de Michael Bolton, Carrie Underwood et Alice Cooper entre autre et dont Dave Stewart a produit l’EP Fire sorti en 2011et le second album studio ,annoncé pour novembre de cette année, Heaven In This Hell).
Il est indéniable que certaines d’entre elles livrent ici des prestations très appréciables et réussies. C’est le cas par exemple d’Alison Krauss dont la voix est particulièrement mise en valeur sur le titre Drowing In The Blues ou de Jessie Baylin sur God Only Knows You Know qui constituent deux des plus belles ballades du disque. Sur Girl In A Catsuit, c’est la guitare d’Orianthi qui est vraiment (trop ??) mise en avant et qui donne à entendre le titre le plus typé rock de l’ensemble. Ce titre est le premier single de l’album. Joss Stone donne de la voix sur la plage titulaire, I Got Love, mais le titre est assez moyen.
Dave Stewart, à défaut de posséder une voix puissante et pleine, se montre très convainquant sur des titres comme A Different Man Now ou ceux déjà cités. On regrette fortement que The Ringmaster General compte autant de ballades, pas moins de six sur onze titres ! De plus des titres au tempi lents comme le titre éponyme ou Slow Motion Addict #2 donnent l’impression de trainer en longueur. C’est dommageable car avec quelques titres au tempo rapide de plus et le disque aurait peut-être gagné en spontanéité et paraitrait moins « lassant » après un grand nombre d’écoutes. Dave Stewart possède toujours ce jeu de guitare superbe et reconnaissable entre tous mais cette fois, il n’est pas mis en avant. Là aussi, il y a une petite déception.
The Ringmaster General demeure néanmoins une bonne petite collection de titres tous fort bien produits. Mais il n’y a pas sur ce disque ce qui fait que The Blackbird Diaries est une véritable réussite. Stewart n’a cette fois pas proposé detitres aussi riches, une musique aussi « osée » et n’a pris aucun risque pourrait-on dire. Il avait fait mine d’une formidable faculté d’adaptation sur The Blackbird Diaries. Lui qui est surtout connu du grand public pour l’œuvre d’Eurytmics nous livrait une musique résolument américaine et « roost » de fort belle facture et si éloignée de ce qu’il avait proposé par la passé. De The Ringmaster General il n’y a pas d’évolution semblable à attendre dans la musique de Stewart. Les chansons qui le composent sont certainement des chutes de studio qui n’avaient pas leur place sur The Blackbird Diaries mais qu’importe car le tout n’est pas mauvais et s’apprécie tout de même beaucoup. Nous avons là un bon album.
Dave Stewart, The Ringmaster General, Surfdog Records / Weapons of Mass Entertainment, 2012.
Critiques musicales
par Xavier Fluet @gazetteparis