Autour de nous, les contextes agressifs se superposent les uns aux autres, s’entrechoquent, s’additionnent et se multiplient : le contexte économique, social, politique, l’inaction écologique et depuis des mois le contexte sanitaire qui prend le pas sur tout le reste. Sur-urbanisation, ultra-mondialisation, optimisation constante de la performance, marginalisation de ceux qui décrochent. Que reste-t-il de bienveillant, de poétique, de philanthropique, dans ce XXIème siècle qui se révèle toujours un peu plus périlleux chaque année ?
Inspiré par la lecture du livre de Sylvain Tesson, Dans les Forêts de Sibérie, l’album Le Silence et l’Eau est une réaction à l’agressivité du monde contemporain dans lequel notre civilisation occidentale évolue. C’est une Ode à la décroissance. C’est un appel à partir à la rencontre du monde sauvage autant que de soi-même. Le texte est en français, limpide direct, simple. Il commencera par une injonction, et finira par une injonction.
La musique sera folk, simple, humble, aérienne, délicate. Quelques instruments acoustiques : violoncelle, guitare, piano, batterie, quelques cuivres. Juste l’essentiel, la décroissance jusque dans la mise en son.
J’ai ensuite invité des artistes dont le talent et la singularité me touchent particulièrement et m’’offrent à leur façon une évasion artistique. Des artistes qui savent le temps d’une chanson apporter du réconfort, de l’ailleurs, du rêve. J’ai écrit mes chansons en pensant à chacun d’eux : Bessa, JP Nataf, Blick Bassy, Luciole, Jacinthe, Achille. J’ai aussi invité Raphaël Personnaz pour citer les lignes de Dans les Forêts de Sibérie à l’origine de cette vision.
Automne 2019, je pensais alors cet album terminé, et je le sortais une première fois, le 06 mars 2020. Mais voilà que la vie nous a tous fait basculer, quelques jours plus tard, dans une épreuve collective, à l’échelle mondiale. Je me retrouve isolé, mais dans un contexte bien différent de celui que j’imaginais dans le Silence et l’Eau. Il m’est alors paru évident que cet album n’était en fait pas terminé : je composais depuis mon confinement trois nouvelles chansons. Une que je dédiais à Emily Loizeau, une instrumentale pour Erik Truffaz, et enfin une chanson en forme d’épilogue que j’interprétais seul : « Dernier bar avant la Fin ». Cette exploration des étendues sibériennes, c’est aussi une exploration de soi.
Jean-Baptiste Soulard