Rêverie pourrait bien être d’ailleurs le maître-mot de cet album concept. Une rêverie solaire inspirée par la lumière de Marseille, la ville où Pierre Daven-Keller a conçu la quasi-totalité de ce disque. Une rêverie sensuelle incarnée tout particulièrement par les voix de femmes qui traversent Kino Music. La voix d’Helena Noguerra qui se déploie jusqu’aux limites d’un érotisme torride dans La Fiancée de l’Atome, un des sommets de l’album, également dans le très plaisant Tatoo Totem. Mais aussi celle d’Arielle Dombasle qui, l’espace d’un titre, Salvaje Corazon, vient latiniser l’ambiance pop qui règne dans ce disque de pur plaisir ou encore celle de Mareva Galanter ré-interprétant ce même titre mais dans une version chantée en italien, rebaptisée pour l’occasion Cuore Selvaggio
Justement, le vif plaisir qu’on éprouve à l’écoute de ce Kino Music tient aussi à cette science du son, de l’orchestration, du mixage propre à Pierre Daven-Keller. Les textures sonores traversées ici par un clavecin, là par un orgue farfisa (comme l’indique justement le titre Farfisa), ailleurs un vibraphone ou un clavecin (comme dans les très réussis Corniche Kennedy, Sirocco ou encore Easy Tempo) font toute la beauté de cet album habité par un sentiment d’enfance, de paradis perdu et soudain retrouvé.
Des arrangements qui font le maximum avec le minimum, c’est-à-dire qui échappent à toute surcharge, et qui permettent à Pierre Daven-Keller de rejoindre le pays imaginaire de son enfance et de nous y embarquer avec lui. Pierre Daven-Keller est parvenu, avec Kino Music, à donner forme à un fantasme ou à une fantaisie, comme un champ magnétique, comme la promesse d’un bonheur infini.
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